Bonjour à tous,
Je ne poste jamais sur le forum, mais je fais une exception : Un grand récit de Bordeaux Paris de ce week end : 620 km avec 4000 M de dénivelé.
Comment j'en suis arriver làL'idée est venue de mon frêre et de copains à lui qui aiment bien se lancer des défis un peu fou. Ils avaient besoin d'un cinquième pour faire réduire le coût. Il me propose cela le jour du réveillon, ou connaissant mes gouts pour les boissons alcoolisés, il étaient sur que j'allais dire oui.... Je les préviens pourtant que c'est impossible à terminer, que l'on a pas le niveau ni l'entrainement (je n'avais jamais fait plus de 90 km à vélo). Surtout qu'eux, sont des spécialistes des Ultra Trails, mais n'ont quasiment jamais fait de vélo.
Ceci dit, j'ai comme objectif, le full de Vichy, je me dit que cela sera bénéfique, car je serais obligé de beaucoup m'entrainer à velo. L'objectif est de surtout perdre du poids pour pouvoir passer les bosses et ne pas me retrouver seul. Dans ma tête le but est d'arrivée au niveau de Tours et de bacher (environ 310 km).Au 1er janvier, j'accuse 107 kg sur la balance. (Oui je sais, je n'ai pas une bonne hygiène de vie....
)
L'entrainementL'entrainement se passe plutot bien. Je ne rate quasiment aucune sortie groupe du dimanche et je commence à rajouter rapidement une sortie le samedi à la place la natation. J'essaye le home trainer mais comme je ne prend aucun plaisir, je décide rapidement d'arrêter et de privilégier les sorties extérieurs. Un premier cap est passé, un dimanche, ou je passe les 110 kms. Pat avait réussi à m'enbrigader dans la sortie de 08h30 en me disant qu'ils rouleront à 28. Au bout de 5 km, on était déja à 32 vent de face
. Je rale toute la sortie mais je finis.
Puis je commence à faire des sorties longues tout seul : 132 km pour aller à Orléans, 140 km dans le sud de la touraine, 120 km en aller retour le long de la loire à 28 de moyenne et lendemain 110 avec le club du coté de Loches. Comme je finis relativement bien, je décide de changer l'objectif et d'essayer d'aller au ravitaillement de Romorantin, soit 400 km.
Le dernier déclic est la sortie une semaine avant, du coté de Nouatre avec le club. Malgré la pluie, je me sens très à l'aise et je ne saute que dans la bosse de saint épain. Le reste du temps, je suis capable de prendre des relais appuyés sans souffrir. Une dernière sortie de 80 km, jeudi dernier, me valide le projet : je vais vraiment essayer d'arrivée au bout. J'ai 2700 km au compteur.
La course :Nous arrivons la veille sur Bordeaux. Le village départ est minable. Pas un stand. Mais la ville est très jolie. Un resto italien, une petite bière, 2/3 clopes et dodo.....(oui je sais, je n'ai pas une bonne hygiène de vie....
, mais j'ai toujours privilégier le plaisir à la performance). On avait décider de partir dans un groupe à environ 30 de moyenne sur les 150 premiers km, car selon les organisateurs c'était tout plat.... Mais la course part très vite, on avale les 80 premiers km à 37 de moyenne, jusqu'au premier ravito. Là on décide d'ârrêter de jouer aux cons, car la route commence à monter. Finalement cela monte et descend du 85eme km jusqu'au 280 environ : 3500 M de dénivelé. Je passe plutot bien les cotes. Mais au 260, j'ai un coup de moins bien et je me retrouve seul avec le vent dans le nez (Mon frêre, lui à abandonné au 230eme, mais je ne le sais pas encore). Le prochain ravitaillement étant au 310eme (à mi course), je me dis qu'il faut absolument récupérer un groupe.
Et là j'ai une chance énorme ; une vingtaine de cyclo reviennent sur moi dont la moitié habillé et sponsorisé par la française des jeux (je ne le saurais que plus tard, mais un des cyclo est le champion paralympique de Sydney. Il est également champion du monde et multiple champion de france. Le plus incroyable c'est qu'il ne pédale qu'avec une seule jambe). Ce groupe est spécialisé dans les longues distances (ils ont refait le tour 1903 en 2013, soit environ 2500 km en 6 jours). On roule à une bonne allure, et les cotes sont montés tres lentement. Mon moral remonte.
On arrive enfin à Martizay (km 310). Il est 23h30, environ et il fait nuit. Je me change pour ne pas avoir froid. Je mange bcp et je repart avec ce groupe (1 copain de mon frêre, lui ne repartira pas et le deuxième prendra un groupe plus tard). La prochaine étape est à Romorantin au km 408. J'ai les jambes qui tournent niquel ; comme dirait coach Vincent, j'ai le feu sacré. Je prend mes relais, je m'alimente bien. Tout ce que je mange passe très bien. Et là, pour la première fois, je me dis que c'est jouable. Le plus gros dénivelé est passé. Sur le plat, je ne me ferais pas lacher. Et il ne restera que la vallée de chevreuse et la fameuse côte des 17 virages à 20 km de l'arrivée.
Arrivé à Romorantin, je suis encore très bien. Mais je fais une première erreur. Dans l'euphorie, je décide de repartir avec un autre groupe qui partait avant celui de la fdj. Cela roule trop vite pour moi, et je décide, en pleine Sologne, de lacher le groupe et d'attendre en roulant tranquillement la fdj : Mais il est 04h du matin, j'ai le vent de face et j'ai froid, et là je prend un léger coup au moral. Ils mettront 30 km à me reprendre. Heureusement, cette étape est courte (70 km).
Au km 478, nous arrivons au ravitaillement. Il est 06h30, le jour est levé. Je bois bcp de soupe pour me réchauffer, car la prochaine étape est longue de 90 km en pleine Beauce (putain quelle région de merde ; pas un arbre, pas une colline, que des champs et des lignes droites interminables. Plus jamais, j'y retourne), et nous aurons le vent de face. Si je finis cette étape, je sais que ce sera gagné. Mais je suis très fatigué. Beaucoup de lassitude. Heureusement, c'est la même chose pour tout le monde. Et un copain est revenu dans le groupe. On décide de finir ensemble. La fdj donne ses consignes : on roule à 25, pas plus vite. Je prend quelques relais, mais c'est très dur. Je ne peux quasiment plus m'asseoir, mes mains ne peuvent plus serrer le guidon, j'ai mal au dos.....et putain, toujours ce paysage à la con.
Les km n'avancent pas. Mais quand je regarde autour de moi, tout le monde à l'air dans le même état. Je me dis qu'il ne faut surtout pas lacher le groupe. A 20 km du ravitaillement, je crève. Et là les mecs de la fdj s'arrêtent, me change la roue et on repart : c'était vraiment le groupe à prendre. Ca y est, on est au ravito.
Il reste juste une étape de 55 km dans la vallée de chevreuse. Un mec du groupe qui connait très bien le coin, me détaille le parcours. 3 bonne côtes et c'est fini. Je me rechange, je me ravitaille. Et on repart. Un copain qui a abandonné décide de m'accompagner pour m'aider dans les bosses. Le parcours est vraiment joli, le moral remonte. Dans ma tête, tout est clair, je dois arriver en bas de la dernière bosse avec le groupe et après ce sera gagné. C'est le cas : j'aborde la côte des 17 virages en dernière position, mais je suis avec eux. Je mets tout à gauche, mais ça ne suffit pas. Je tire comme un fou sur les pédales.... Je regarde mon compteur : 9 km/h. J'ai mal partout mais j'arrive en haut. Et je confirme, il y a bien 17 virages. Manque de pot je recrève en haut. Mon copain m'aide à changer la roue. Les 20 derniers km se feront tranquillement. On arrive à coté du vélodrome de saint quentin, et là grosse déception : l'arrivée n'est pas dans le vélodrome mais dehors, dans la rue. Ce n'est pas grave. La famille est les amis sont là. Je passe la ligne. Le speaker me pose une question, mais l'émotion est trop grande...... Je m'allonge. Je suis Finisher de Bordeaux Paris. C'est juste énorme. Tellement persuadé que c'était impossible.
On m'offre du champagne. Ok ça je peux le boire !!! Tout le monde me félicite. Mais je n'ai plus d'énergie. Maintenant place à Vichy !!!
Résultat final : les 620 km en 27h35 soit 22,4 de moyenne
La course est vraiment belle mais l'organisation pour le départ et l'arrivée n'a pas été à la hauteur de l'évènement.
Mais je ne garde que les bons souvenirs. Un grand merci à ma famille, pour m'avoir laissé le temps de m'entrainer (je vais encore vous embêter un peu pour Vichy... ;-) ). Et aussi à ma Belle soeur pour avoir assuré le suivi de la course en camionnette.