Voilà mon récit, je me suis un peu étalé...alors c'est un peu long, désolé...
Dimanche: The D Day
Réveil 5hr. Finalement la nuit ce n’est pas trop mal passée, j'ai bien dormi, c'est rare avant ce genre de course. On se retrouve au petit déjeuné.
Départ 6h de l'hôtel, pour 20' de marche solennelle jusqu'au site de la course. Chacun a son mp3, eh eh! La pression monte, ça fait pas trop les malins. La musique ça détend...
Arrivé au parc, dernière vérification du vélo, on met les bidons, gonflage des boyaux..... Les visages sont tendus. La tension de la course commence à peser. Il me tarde que ça commence.
Dernière vérification des affaires de courses que l'on a déposées la veille. Un sac pour les affaires de vélo, un sac pour les affaires de courses à pied. Avant de quitter le parc, je me mets dans la file d'attente pour une escale technique....
Le parc est fermé à 7hr, par contre on peut déposer son sac d'affaire d'après course quand on veut.
Mon départ est à 8h20'...j’attends sur la plage, la musique du mp3 aide à faire passer le temps.
7h20', c'est l'appel des Pros, leur départ sera donné à 7h30. Je les envie, j'aurai bien aimé partir avec eux pour en finir...l'attente commence à être longue. Ensuite les vagues s'enchainent toutes les 10'. Je dépose mes affaires pour m'approcher du départ. Je garde une petite bouteille d'eau et une barre histoire de grignoter.... ce n’est pas pour la faim, mais ça occupe, et puis la journée va être longue.
Je me pose dans le sable sur le bord de l'eau, et je regarde les vagues partir, j'ai plein d'images des IM précédents qui me passent devant les yeux...je repense aux séances dures de la préparation, ça rassure….
7h50 départ de Nico, comme j'ai un peu de temps, j'en profite pour aller m'échauffer 5', l'eau est claire et relativement calme, de bonnes conditions pour nager en mer. 8h00 départ de Fabien, ma vague est appelée dans le sas d'attente. 8h10 départ d'Olivier. On est environ 200 par vagues, la ligne de départ est assez large pour pouvoir se placer, et de ne pas être gêné au départ.
8H20' Et voila, c'est mon tour, le starter nous appelle sur la ligne,...Pan! D’ailleurs je ne sais même plus si s'était un coup de pistolet, une corne de brume, ou autre chose, mais j'étais un des premiers à plonger dans l'eau. C'est parti pour 3800m d'un parcours rectangulaire longeant la plage. Je pars vite, un coup d'œil de chaque côté, on est 3 devant sur la même ligne, je repense aux France à Charleville et le mal aux bras aux 400m après un départ rapide alors je relâche l'effort pour me mettre dans les pieds. La 1ere bouée est à 200m, je passerai 3eme à la bouée, les sensations sont bonnes. Virage à droite, et s'est partie pour une ligne droite de 1450m le long de la plage. Très vite 3 gars de ma vague partent devant. Avec 3 autres gars on s'organise, chacun prendra ses relais.
Après environ 1000m, on commence à rattraper les derniers de la vague partie 10' avant. (Ils ont des bonnets blancs), cette grande ligne droite est interminable, en plus il est difficile de nager droit la houle ayant tendance à nous pousser sur le rivage.
Le fait de rattraper les autres concurrents a au moins l'avantage d'occuper l'esprit et de chasser l'ennui, on voit bien le fond, mais il n'y a que du sable. Enfin les 2 grosses bouées du demi tour espacée chacune de 100m sont là devant, au passage je prends un coup de pied dans les dents en doublant un concurrent, heureusement sans dommage.
Demi tour, et c'est reparti pour une autre ligne droite de 1750m, il est encore moins facile de s'orienter car en plus de la houle on a aussi le soleil dans les yeux.
Les sensations sont toujours bonnes, et toujours pas de signes de lassitude. Je me fixe de micro objectif: « allez ! Je rattrape les gars devant » (ce n’est pas très difficile comme ils nagent moins vite)
Enfin la dernière bouée, il reste 300m jusqu'à la plage. La sortie de l'eau est difficile, le ressac des vagues nous enlève le sable sous les pieds...
Je n'ai pas de montre alors je n'ai pas idée du temps réalisé, mais les sensations à la sortie de l'eau sont bonnes, footing d'environ 200m direction la tente pour récupérer le sac avec les affaires de vélo. Transition tranquille, à part que je perds beaucoup de temps à nettoyer les pieds plein de sable avant de mettre les chaussettes.
Je ressors pour récupérer mon vélo, et s'est parti....180 Km, 2 tours de 66km Calella-Masnou, et un troisième tour de 42km Calella à Mataro, fermés à la circulation plus les 3 km aller-retour pour traverser la ville.
Je suis obligé de m'arrêter rapidement le temps d'un réglage rapide de mon compteur qui n'affiche aucune vitesse, et s'est reparti...
Il y a environ 3 km à faire dans la ville avec environ une trentaine de ralentisseurs, alors on ne s’énerve pas, je commence à manger et boire, l’objectif est de pouvoir absorber au moins 500ml d’eau et 60g de barre par heure afin d’assurer un apport énergétique suffisant tout au long de la course. On passe à côté de l'hôtel, et hop une petite montée d'une centaine de mètre pour rejoindre la route et c'est la partie de manivelle qui commence.... direction El Masnou pour 33km. Les jambes répondent bien, les petites bosses du début s'effacent facilement, ensuite le parcours est relativement plat, je rattrape des concurrents. Et là j'oublie tous ce que je m'étais dis les jours précédents "Tu roules tranquilles, le parcours est vicieux, on se laisse emmener et on fini cramé à la fin des 180km". Je pars un peu vite, je me laisse griser par les sensations,....et puis vers le 15eme km, j'attaque un rond point sans freiner, je me rend compte que ça va pas passer, je freine, trop tard, la roue arrière se met de suite en travers, je relâche les freins, je comprend que les barrières vont être pour moi, je choisi celle qui a le plus beau sourire, je ferme les yeux, je me relâche pour assurer une belle chute...et "Blaannggg"... je me retrouve sur le bitume, la barrière a légèrement amortie ma chute, mais le bitumes est toujours aussi dur. Je me relève empêtré dans de la rubalise, j'ai le bas du dos qui pique, la fesse gauche douloureuse, le vélo n'a rien, je redresse la manette de frein. Le temps de reprendre mes esprits et de comprendre dans quel sens je dois repartir, un signaleur arrive vers moi en courant, il me parle en espagnol, je ne comprends rien. Je lui réponds "it's ok" et je repars, j'ai la fesse gauche qui restera douloureuse pendant quelques kilomètres: j'espère simplement que cela ne me gênera pas pour courir...les endorphines font leur boulot après quelques kilomètres je ne sens plus rien.
La chute aura eu au moins le mérite de me ramener à la réalité de la course: beh ouai! Y a quand même encore environ 160km de vélo plus un footing de 42km 195... Je freinerai avant d'arriver sur les ronds-points. Dans la chute, les barres que j'avais dans le dos sont tombées, pour une fois que je n'avais pas tous collé sur le cadre. Cela m'obligera à prendre des barres aux ravitos, s'était pas prévu, se fut d'ailleurs parfois compliquée le manque d'expérience des bénévoles m'a parfois obligé à m'arrêter. Sur ce 1er aller, je me fais rarement doubler, à chaque fois c’est des gars des équipes relais : Le profil type du cycliste de contre la montre avec toute la panoplie et les gars ils n’étaient pas là pour prendre des photos…
Sur le 1er aller, le vent est de face, mais il est encore très faible cela permet de maintenir une bonne allure. Avant le demi-tour j'ai pu voir que les trois autres lascars étaient bien en courses. Le 1er retour de El Masnou jusqu'a Callela se passe comme sur des roulettes, le vent même léger est de ¾ arrière....ça roule fort, le bruit des roues pleines résonnent sur le bitume. Fin du 1er tour, km 69... Beaucoup de monde s'est rassemblé au demi-tour de Callela, J’entends mon prénom, Maria, la femme d'un copain m'encourage, ça remonte le moral...
Comme prévu le vent s'est levé, l'allé du 2éme tour est un peu plus difficile. Je prends un allemand en poisson pilote tout en faisant attention à respecter la distance réglementaire car les arbitres rodent et la pénalité s'est 8'. Le rythme est régulier, impeccable pour m'amener jusqu'a El Masnou. Km 102, je vérifie la moyenne au compteur.... + de 36.... aie c'est pas ce qui était planifié....
Tans pis c'est fait, retour sur Callela avec le vent dans le dos, et c'est reparti de plus bel. Un groupe de 4-5 s'est formé, je fais attention aux distances, je n’ai pas envie de prendre 8'. Chacun prend des relais. Le petit groupe aide psychologiquement à maintenir l'allure car la lassitude des kilomètres commence à se faire sentir dans les jambes, un mal au c*l s'est installé et les crampes sont à l'affût.
Demi tour à Callela, km135, plus que 45km.... ça va pas être les plus faciles.... petite remonté du moral en passant devant le public et c'est reparti pour un dernier petit tour toujours direction El Masnou, mais ce coup si on fait demi-tour dans 21km à Mataro. Je vois Fabien arrêté sur le côté pour "une escale technique". Je lui demande si ça va, ça à l'air d'aller.
Le vent a bien forci, je me dis que les Pros ont eu un petit avantage en partant 50’ plus tôt, ils ont profités ainsi de plus de temps sans vent…le vent a fait baisser l’allure pour tous le monde. Je commence à en avoir mare, il me tarde d'en finir, en plus les jambes sont bien entamées...
Après Mataro, le retour se fera plus sereinement et permettra de récupérer un peu avec le vent dans le dos. Mais le mal est fait, les 42km de course à pied vont être compliqués, s'était le piège de ce parcours vélo qui n'offre aucun répit, on est toujours en prise...
Heureusement je me suis bien alimenté pendant le vélo, au moins j'ai du jus.
Je pose le vélo en 5h05' environ.
La transition T2 se passe bien, ca fait bizarre d’arriver dans le parc et de voir la rangé de sa propre vague presque vide de vélo, ça remonte le moral, jusque là les choses se sont pas trop mal passées. Dans la tente de changement, un gamin me met de la crème solaire dans le dos pendant que je mets mes chaussures. Je prends une montre, jusque là je n'ai donc aucune idée du temps total de course déjà parcouru. Je ne prends pas mes gels, y en aura sur le parcours.... c'est maintenant que la course commence, 42,2km, 4 tours de 10,5 km, je repense à ce que m'avait dit il y a quelques années Guy H, ce n'est pas un marathon, c'est 42,2 km....ça aide à relativiser...
Le parcours est un aller-retour plat: Il y a 5 « grosses difficultés »: 3 virages demi-tour, un petit pont, et "la monstress" du jour, le passage sous un pont qui est constitué d'une petite descente raide de 20m enchainé sur une montée aussi raide de 20m...le genre de truc qui te fait cramper plus vite que tu l'imagines.
Je pars tranquille, allure de footing, je me suis tablé sur des allures de 1h45' au semi. Les jambes sont un peu dures....huuummm ça va être compliqué. Je sens une douleur dans la fesse gauche à chaque foulée, mince la gamelle…. Et oh miracle, les endorphines font leur boulot, après 2km je ne sens plus rien. En partant du parc je vois Gregory Bouttier (Triathlète de D1 à Montluçon) 10m devant moi, progressivement je reviens sur lui. Je l'encourage... En tous cas les premiers kilomètres ne se passent pas trop mal. Au 1er ravito, je tente un gel, mauvaise idée, après je ne prendrai plus que du coca. Le parcours est borné tous les kilomètres, je passe devant le panneau km39, comment serai-je dans 3 tours ? Une chose est sur et certaine j’aurai mal aux jambes. Encore 3 passages et sa sentira l’eau chaude…Le premier tour se passe bien. Je demande à Gregory combien de tour il lui reste il me dit "un", punaise moi il m'en reste encore trois....
Le 2eme tour se passe bien mais le chrono m'indique que l'allure diminue inéluctablement.
A 3 km de la fin du tour, Gregory m'encourage une dernière fois, il me lâche tranquillement, pour lui c'est la fin....il finira 14eme en 8h42'41
Je passe devant la ligne, le chrono indique 8h43' c'est le temps pris au départ des pros, je dois enlever 50'... 7h53, il me reste encore 2h07' pour 21km et boucler l'affaire en moins de 10h...
Le moral remonte, je sais que ça va le faire, à condition de pas faire n'importe quoi.
En même temps je réalise que j'ai couru le 1er semi en 1h42'....avec les jambes en vrac...
Jesus Christ Almighty on a bike..... je le savais pourtant, 10' de moins en vélo, c'est 30' de plus à pied...
J'attaque le 3eme tour sur la même allure. Les jambes deviennent de plus en plus dures mais, à part les mecs des relais et ceux qui commencent leur 42km, je continu de doubler des concurrents, ça remonte un peu le moral. Vers le km 23 je reprends Nico, ça à l'air d'aller. Vers le km 26 je reprends Fabien, je vois qu'il alterne marche et course....il n’est pas au mieux mais au moins il avance. De toute façon sur ces 2 derniers tours, il n'y a que trois choses à faire: toujours courir tranquille, boire ses 2 verres de coca à chaque ravitaillement et penser tous le temps à des choses positives.....
D'ailleurs à force de boire, l'arrêt technique devient obligatoire....
Dernier passage sur la ligne, plus qu'un tour, c'est quoi un tour? 10,5km un petit footing de récup.
Je ne sais pas si c'est psychologique ou physique mais d'un coup le début du 4eme tour devient très dur, il y a déjà 32km de fait....ce n’est pas rien. Je crains la crampe, c'est à peu prés la qu'elle m'a surpris à Nice l'année dernière. J'y vais piano, je réduis l'allure j'essaye d'être le plus souple possible. Je me fixe de micro objectif: atteindre le prochain ravito....
Dernier demi-tour, il ne reste plus que 5km..... il y a un ravito juste après, je prend ma dose de coca et j'arrose les jambes d’eau fraiche. Km 36, 37 j'ai l'impression que les kilomètres se sont allongés...au 38eme à quelques mètres du ravitaillement les crampes arrivent en chœur sur les 2 jambes: un jeune bénévole me donne 2 bouteilles d'eau fraiche, je m'arrose les jambes? Les crampes passent, je n'oublie pas ma dose de coca avant, je repars doucement. Km 39 eh eh enfin !!! Je repense à ce que je m’étais dis 3 tours plus tôt, au fond de moi je me marre, j’ai les jambes en vrac. Km40, plus que deux bornes, j'apprécie l'instant, km 41, passage sous le terrible petit pont en courant, mais pas de crampes, les jambes sont très dures, traversé du parc à vélo, je ne cherche plus à doubler ceux qui court moins vite que moi, il reste 500m...j'arrive dans l'air d'arrivée, il reste 150m sur tapis rouge, j'en profite un max. Je repense à l'arrivée de Frankfort 2004 et ces 10h00'21''.... SUB 10 ce coup ci c'est fait, mais ce n’est pas passé loin de la correction.
Nat 58'53'' => super satisfait, merci au coach de l'ENT, Olivier et Céline qui en 5 séances m'ont ramené à un niveau correct.
T1: 3'52'' => j'ai trop galéré à mettre mes chaussettes.
Cy : 5h05'01'' =>j'ai roulé trop vite, même si j'ai bien relâché sur la fin le mal était fait.
T2: 2'23'' => perdu du temps, sa sert à rien de changer de chaussette
Cap: 3h43'38'' => 1er semi 1h43", 2eme semi 2h...aie, peut être fait le 1er semi un poil trop vite. Sinon je suis satisfait, j'ai bien géré la crise.
Total 9h53'47'', 65eme sur l'ensemble (Pro, GA, Relais)
Content de cette course, de l'ambiance, du site, du séjour entre potes, d'avoir pu visiter Barcelone, de la soirée du lundi soir, des séances de thalasso....